The Net is free in Palestine
Publié dans Tunis Hebdo le 19-04-2010 La Palestine est un pays occupé. Rien n’y entre ou n’y sort sans le contrôle israélien. En arrivant on s’attend ainsi à se retrouver complètement «déconnecté» comme c’est le cas en Syrie où pratiquement tous les sites sont censurés…et pourtant, il est étonnant de découvrir qu’ils sont beaucoup plus connectés que nous. L’internet est accessible de partout et même s’il arrive que les connexions soient sécurisées dans certains cafés, il suffit de demander pour avoir le code gratuitement. Où que l’on se déplace en Palestine l’internet est à portée de main…tu fais une recherche des réseaux sans fil et tu tombes à chaque fois sur 3 ou 4. On s’attend alors à ce qu’il y ait de la censure sur certains sites. Les contrôles sont tellement pointus et stricts par les israéliens que la logique voudrait que le contrôle se fasse aussi sur ce qu’ils consultent… eh bien non ! Un fournisseur d’accès d’internet à qui je pose la question sur les sites bloqués me répond que «c’est interdit par la loi… la connexion est abordable, c’est à 30 dollars le 1 méga, mais c’est moins cher en Israël où elle est à 20 dollars les 4 mégas et où on peut atteindre les 15 mégas de connexion». Ainsi même si la connexion passe par les «mains» des israéliens elle est un peu plus chère mais reste quand même libre d’accès. De passage dans une des rues d’Al-Qods on remarque des publinets pour les petits, avec de petites tables et de petites chaises… Emerveillée de voir un publinet en miniature, ils me regardent étonnés… A un hôtel à Ramallah des séminaires sont organisés pour que les enseignants soient à jour avec l’évolution des technologies de l’information… ainsi des hommes et des femmes se retrouvent avec leurs ordinateurs et un formateur pour pouvoir suivre les évolutions technologiques. Que consultent les palestiniens? Cette question les étonne. «on consulte tout répondent-ils, des sites, des revues électroniques, beaucoup facebook,…» Mes questions leur semblent de plus en plus bizarres, quand je demande s’ils ont accès a youtube, ils répondent que bien sûr puisqu’ils ont internet. Certains ne comprennent même pas le sens de ‘site censuré’, ou même l’intérêt de la censure. Ils ont ainsi le monde à portée de main grâce à internet et sont très présents sur facebook… Leurs préoccupations sont autres… Contrairement à ce que l’on pourrait penser ils sont bien dotés en technologies ; elle est certes moins accessibles financièrement que pour les israéliens mais elle est quand même à portée de main. Idem pour les puces téléphoniques, on peut avoir une puce à 12 dinars de n’importe quel opérateur téléphonique (comme ça se passe presque partout dans le monde d’ailleurs) Une polémique sur la normalisation avait été enclenchée sur le net suite à la participation de Tunisiens à un workshop organisé par « search for common ground ». Il s’agit d’une organisation qui essaye de trouver des solutions entre autres au conflit du Moyen Orient par le dialogue. Après avoir visité la Palestine, on se rend compte que ce que se certains considèrent comme Israéliens sont en partie des palestiniens qui ont refusé de quitter leur terre en 1948…et du coup pourquoi ne pas créer une dynamique avec ces palestiniens qui vivent en Palestine et en Israël. Ceux qui vivent en territoires palestiniens n’ont pas le droit d’aller à « Israël »…mais peuvent communiquer en toute « liberté » virtuellement…pourquoi ne pas commencer par créer une Palestine libre virtuellement…avec tous les Palestiniens réunis autour d’un même espace virtuel ??
J’ai refusé d’emmener mon ordinateur, me disant que ça ne servira à rien et que ce serait risqué… raisonnement ridicule et idiot!!!
A un café de Ramallah la connexion est de 4 méga… des jeunes y jouent à la playstation sur des écrans géants… d’autres ont leur page facebook ouverte et discutent en fumant le narguilé.
«Pour nous le principe est simple, explique Foued, s’il y a un site qui ne te plait pas, tu ne le consultes pas ou tu bloques toi-même son accès»
Qu’en est-il des blogs ? Personne de ceux à qui j’ai posé la question n’a su ce que c’est qu’un blog… Ce moyen extraordinaire d’expression est méconnu en cette terre occupée…
Ils nous posent des questions sur notre rapport avec la Palestine, et j’explique qu’on est solidaire et qu’on a même organisé des journées de solidarité sur internet où nous avions remplacé nos photos de profil par celle de Gaza. Ils n’étaient pas au courant !
Comment est-ce qu’on peut être aussi connecté et en même temps ne pas avoir tout ce pouvoir que procure internet?
Un vrai travail est à faire pour échanger avec eux, avoir des informations et exprimer leur réalité parce que finalement rares sont ceux qui connaissent le vrai visage et le vrai ressenti de ces palestiniens.