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Emma Benji
12 avril 2012

Policer tunisien:"wallahi méniklék ommek yé kahba"*

Capture d’écran 2012-04-12 à 04

Nik Ommék !

Ce mot vous choque ? Il vous gêne??

C’est indécent, impoli ??? hé bein soit vous agissez et vous vous indignez ou faudra vous y habituer!

C’est ce qui a été dit par les policiers tunisiens à des citoyens innocents !

Dans la vidéo que je partage et que je vous invite à écouter, une jeune fille raconte ce qu’elle a vu et subi le 9 avril.

Pour ceux dont la première réaction serait «Et qui vous dit qu’elle dit la vérité?»…Je réponds que cette fille, qui plus de couille que 100 tunisiens, a enregistré avec son téléphone lé début de son agression.

Elle a eu droit à beaucoup de menaces de viol, a été tabassée, torturée et persécutée.

Où?Dans la voiture des flics mais également au ministère de l’intérieur, au 7ème (poste de police) et dans un autre lieu de détention(selon son témoignage).

Sachez aussi que les policiers se sont pris à un militaire qu’ils ont tabassé, Yacine Ayari avait témoigné le 9 avril que les policiers frappaient les militaires et voilà que cette demoiselle le confirme.

Cette demoiselle est impressionnante, rarement vu des personnes aussi courageuses.

Je retranscris ce qu’elle a raconté dans la vidéo, pour ceux qui ne comprennent pas l’arabe.

Elle s’appelle Rabeb El Abed est étudiante à la faculté des lettres à Sousse (2ème année Master).

Elle dit avoir participé à la manifestation pour exprimer son désaccord avec l’interdiction de manifester à l’avenue Habib Bourguiba, et elle aété tabassée loin de l’avenue à des centaines de mètres de l’endroit où il y avait l’interdiction.

Elle raconte que quand les policiers ont attaqué les manifestants, elle s’est enfuie et s’est cachée dans un chantier loin de l’avenue. Les policiers l’ont vu et l’ont rattrapé.

Ils étaient 4 à l’arrêter, la frapper et l’insulter. Ils ont essayé de lui casser son portable mais elle a fait de son mieux pour résister.

Le policier a par la suite cassé la vitre du fourgon de polie sur sa tête tout en continuant à la menacer jusqu'à ce qu’elle s’évanouisse.

Elle explique qu’elle a eu peur mais a essayé de les dissuader ou de les effrayer mais ca n’avait pas  eu d’impact.

Arrivée au ministère de l’intérieur le policier a dit qu’elle a cassé la voiture, elle a démenti et du coup ils l’ont encore plus frappé. Ils ont essayé de le menotter et elle a prétendu avoir 17 ans. Ils l’ont après mis dans un fourgon de police où y avait un acteur et un militaire que les policiers n’arrêtaient pas de frapper. Elle dit «tous les policiers disaient ‘ou est le militaire’ et le frappaient dès qu’ils le voyaient…

Elle aussi a eu droit à d’autres coups de matraques et plusieurs coups de poing.

Ils l’ont emmené après au poste «7ème» qui était bondé de monde qu’ils ont tous mis après dans deux fourgons et qu’ils ont emmenés à un autre endroit.

Sur les chemins les policiers insultaient tous les citoyens qu’ils croisaient.

Arrivés à l’autre endroit les garçons détenus voulaient faire leur besoin mais ils ne les ont laissé aller aux toilettes.

Les coups ont continué pendant l’interrogatoire et les policiers frappaient à chaque fois que la réponse ne leur plaisait pas ou ne correspondait pas à ce qu’ils voulaient entendre

Ils n’ont pas eu droit de lire leur pv et les policiers les ont obligés à les signer.

Rabeb a parlé de la prison et des cris de souffrances qu’elle a entendu et d’une pièce où ils battaient les détenus…

 

Dans la vidéo filmée voilà ce qui se dit au début de son agression

 

Capture d’écran 2012-04-12 à 05Policier : tu fais quoi ?

Rabeb : Je filme

Policier : Tu filmes quoi ?

R : Je filme ce qui se passe

 

Un autre policier :que filmes tu ?

: Je vous filme

Policier : Quoi, Arrête de filmer, ne filme pas

: Non je n’arrête pas…je suis journaliste, … j’ai le droit de filmer

 

Il appelle un autre policier

 

Policier : Yaatik asba (très gros mots, Asba voulant dire vulgairement pénis)

: Lâche, enlève tes mains

 

Et puis les coups et elle commence a crier

 

Policier : Lache ca, viens, viens…. Suis moi

: Tu ne seras jamais un homme, tu frappes une fille, antallah alikom

Policier : Barra nik ommek… el kahba (va te faire foutre, sale pute)

Un autre Policier : Lache ca… lache ca (ils parlent du téléphone)

 

Elle crie

..

cris

Bruits, elle est à l’intérieur du fourgon

 

Policier : Nik ommék  (nique ta mère)

Un autre policier : Atou nikoulék ommék. Atou ghadi nikoulék ommek (on va te niquer la bas)

R : Je vais vous dire qui est mon oncle vous allez voir

Policier :Nik ommek, wallahi méniklék ommek yé kahba

R : Je vais vous dire qui est mon oncle vous allez voir

 

Policier Lache nikomek

Policier : ne la descends pas ..Emmène la emmène la…elle est arrêtée


* Le titre initial était "quand les policiers menacent de viol", après réflexion la phrase "Atou nikoulék Ommék" n'est pas considéré dans le langage de rue comme une menace de viol, mais c'est une menace tout court...

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Commentaires
M
Rabeb est mon étudiante et je suis vraiment fière d'elle. elle a fait honneur, comme Khaoula, a toutes <br /> <br /> les tunisiennes. <br /> <br /> Quant a la police tunisienne et a tout ceux qui croient qu'ils pourront un jour refaire taire les tunisiennes et les les tunisiens, je leur dis que ça leur servira de leçon.
M
C'est très vulgaire, on ne doit pas exposer notre linge sale de cette façon... <br /> <br /> On est un pays touristique après tout, on doit soigner notre image, nos problèmes internes doivent être exposés en langue arabe et sur des supports à audience locale.
A
Ce que cette jeune citoyenne a enduré, et quel courage, ne semble pas isolé ni en terme de violence verbale et encore moins physique. A l'Ave Med V, j'ai vu un flic retourner son fusil lance grenade avec lequel il tabassait une jeune fille à terre, qui est restée un long moment sans connaissance et puis qui a été évacuée dans une kangoo qu'une autre manifestante a ramené. D'autres flics coursaient des manifestants en leurs faisant des crocs en jambe pour les faire chuter et se mettraient à plusieurs pour les massacrer de coups de pieds et de matraques. Ils ciblaient généralement la gente féminine. Des keufs tiennent les matraques du mauvais cotés pour taper avec le petit manche perpendiculaire à celle-ci, occasionnant des plaies importantes à la tête. Un autre épisode m'a interpellé : les soldats qui gardaient l'ancien siège du RCD ont protesté contre la barbarie des flics et par deux fois ces derniers sont venus, en deux vagues successives, la deuxième plus importante que la première pour un contentieux vieux comme la révolte du 17-14, qui aurait pu mal se terminer sans l'intervention de gradés, vu le flot d'insultes et d'insanités déversés par les hommes en noir.
Emma Benji
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