Les contradictions de Grira
Plusieurs mois après et on est encore là à se poser des questions sur la révolution tunisienne. Le plus marquant c’est que les versions des personnes impliquées diffèrent l’une de l’autre.
En tant que citoyenne j’ai le droit de savoir comment s’est faite cette révolution, qui y a participé, qui a joué quel rôle, etc.
Je sais que beaucoup pensent qu’l ne faut pas se casser la tête et se concentrer sur les élections ou sur ce que beaucoup appelle «contre-révolution».
Pour ma part je pense qu’on est assez nombreux et que chacun de nous jouera un rôle en parlant du sujet qui lui semble important… Et puis rien n’empêche d’être actif et d’aider tout en réfléchissant sur ce qu’on appela révolution.
J’écris cela parce qu’au fur et à mesure des recherches on se rend compte que c’était bien préparé par pas mal de têtes pensantes qui pour une fois ont uni leur force, de manière volontaire ou pas, pour faire tomber un régime.
En effet, de nouvelles recherches ont révélé qu’il y aurait eu un «clan» du ministère de l’intérieur qui avait soutenu à sa manière cette révolution. Des témoignages révèlent même qu’il y a eu une sorte de scission au sein du RCD et que certains voulaient de cette révolution et ont même aidé.
Je m’attarderai sur tout ca dans un autre post, pour le moment je vais me focaliser sur Ridha Grira. Il semblerait qu’une confrontation entre ce dernier et Seriati pourrait élucider pas mal de questions.
Ne pouvant faire cela, je vais retranscrire un document qui m’a été communiqué par une personne très impliquée par l’affaire et qui a mis en avant les contradictions entre les différentes versions de l’ancien ministre de la défense.
Voici donc le texte qui m’a été communique en avril
« La version des faits parue sur Tunis Hebdo le 07/03/11
Il ressort de l’article paru au dit journal, que ce dernier a ordonné l’arrestation de Mr.Seriati parce qu’il projetait d’assassiner trois généraux de l’armée.
Cette version des faits n’a pas été démentie ni contredite à ce jour par Mr.Grira
La version au journal Al-chourouk du 8 et 9 mars 2011
Il ressort de cet article que Mr.Grira a ordonné l’arrestation de Seriati afin d’éviter au pays un bain de sang car la garde présidentielle et l’armée a été sur le point de s’entretuer après le départ de Ben Ali
La version dévoilée à Radio Mosaïque le 8 mars 2011
Au cours de l’interview Mr.Grira a révélé de simples présomptions qui permettent de penser (selon ses propos) que Mr.Seriati projetait de réaliser un coup d’état après le départ de l’ancien président.
Commentaires
- N’est-il pas plus logique de conclure que c’est la garde présidentielle qui a épargné le pays d’un bain de sang en convoquant, après le départ de l’ancien président, Ghannouchi, Kallel et Mebazaa pour lire la déclaration de vacance de poste
- Mr.Grira n’avait-il pas les moyens logistiques et le pouvoir après 5 minutes du départ de Ben Ali de le faire revenir pour éviter le coup d’état ?
- Faut-il rappeler qu’un coup d’état nécessite au préalable et obligatoirement le soutien de l’armée, une logistique, un plan bien préparé à l’avance et surtout avoir le soutien et la complicité de ses proches. Personne de la garde présidentielle n’était au courant du projet d’un coup d’état. Seriati ne peut à lui seul réaliser un coup d’état. Il s’agit d’une pure affabulation surtout que le nombre de la garde présidentielle est de 2500 et non 5000 personnes.
- Est-il possible de penser que quelqu’un qui préparait un coup d’état demande à la garde nationale et la police de stocker leurs armes dans les casernes de l’armée ?
- N’était-il pas plus facile de faire le coup d’état au palais de Carthage quand le président était effondré ?
Espérons que les archives du ministère de l’intérieur, de la défense, de la sécurité présidentielle, de la garde nationale et les écoutes téléphoniques enregistrées depuis décembre 2010 jusqu'à nos jours ne sont nu détruits, ni disparus, ni maquillés »
Voilà le texte.
Pour ma part je pense qu’il était impossible du temps de Ben Ali pour un ministre de prendre une décision aussi importante (arrêter Seriati) sans l’avoir consulté.
Par ailleurs j’ai du mal à imaginer un homme conspirant contre l’état, prendre son temps à attendre sereinement et tout seul la fille de Ben Ali(après son départ) pour la faire évacuer. Ce que j'ai par ailleurs du mal à digérer, c'est que le ministère de la défense n'ait pas communiqué tout de suite sur l'arrestation de Seriati alors que tous les médias parlaient de ce dernier et racontaient qu'il organisait ses "troupes" en milices qui tiraient sur les citoyens. Pourquoi ne pas nous avoir dit la vérité dès le début???
Certains disent que Seriati n’était pas un enfant de cœur…OK, qu’on le condamne pour ses faits pendant l’exercice de son travail et non de complot contre la sécurité de l’état et qu’on nous dise enfin la vérité. Mais ma conclusion pour le moment est que Seriati représentait le bouc émissaire parfait...
Ceci étant, aujourd’hui aura lieu pour la première fois une conférence de presse avec Samir Tarhouni, le chef de la Brigade Anti Terroriste qui nous en dira peut être un peu plus sur ce fameux jours.
A suivre…