Je suis une citoyenne tunisienne qui a peur
Autour de moi beaucoup de personnes me félicitent pour «mon courage», alors que moi je meurs de trouille.
J’ai peur au réveil, quand je partage des liens, quand j’écris, quand je parle, quand un inconnu m’interpelle dans la rue, quand je regarde ce qui se passe et la peur me poursuit jusqu'à en perdre le sommeil
Il n’y a pas que la peur, c’est un mélange d’excitation, de ras le bol, d’angoisse, ..
: arial, helvetica, sans-serif;">Je n’angoisse pas que pour moi mais pour toutes ces personnes que j’ai appris à connaître grâce au net et qui luttent à leurs manières.
Je ne connais pas Azyz mais je tremblais de partout quand une alerte se lançait sur twitter.
Slim, par contre je le connais et j’ai pleuré d’émotion quand j’ai vu les vidéos des manifestations de la place Mohamed Ali.
Partager un lien sur le net est devenu un acte de militantisme qui nous a transformés en militant malgré nous
Et pourtant la majorité n’appartient à aucun parti politique. Pour ma part une des causes de mon sentiment de désespoir c’est que je ne crois pas du tout en l’opposition tunisienne.
Je partage les principes du RCD…sauf que malheureusement je pense que ce parti est mal représenté.
Je ne comprends pas pourquoi certains membres du RCD ont besoin de nier les faits et la vérités et balancer des discours basés sur la langue de bois .
Je pense qu’une des meilleures solutions pour le salut de la Tunisie, serait qu’il y ait une branche un peu plus libérale, qui se détache du RCD… avec un discours et des valeurs différentes.
Sinon là à l’instant je ne vois pas que serait l’issue pour la Tunisie. Le ras le bol général existe et on ne peut le nier…mais en même temps il y a un système ficelé avec plein de tunisiens qui ont beaucoup d’intérêts et beaucoup à perdre si les choses changeaient.
Ce qui est inquiétant aussi c’est qu’a tête reposée personne ne peut savoir qui pourrait prendre la relève à l’actuel. C’est l’actuel qui devrait installer les choses pour que les gens se sentent plus rassurés
Des rumeurs à droite et à gauche sur la possible intervention politique de Saint Pierre ou de Madame, mais personne ne sait ce qui se passerait si Azraïl (l’ange de la mort) décidait d’un coup de passer. C’est un risque que court tout être humain, donc il faut y penser à en parler franchement sans avoir peur.
Je pense que la presse, même si les discours les poussent à écrire librement, n’arrivera pas à le faire sans garanties. Quelles garanties ? je ne sais pas.
Quand j’ai demandé à la femme de ménage ce que pensaient les gens de ce qui se passe actuellement à Sidi Bouzid, elle m’a répondu que dans le bus personne n’osait en parler car tout le monde à peur qu’il y ait des « intrus » qui écoutent.
Donc voila… La peur… j’ai peur, il a peur, elle a peur, ils ont peur… nous avons tous peur et c’est horrible de vivre avec la peur.
Mon plus grand combat pour le moment c’est que malgré la peur que je continue à m’exprimer de manière spontanée et honnête… Je résiste encore à la peur, mais je crois que je vais me mettre aux calmants.